Entre Nice et Roquette-sur-Var, un tronçon de route départementale se transforme en espace paysager que l’automobiliste va découvrir au gré de sa vitesse.
La prise en compte du paysage dans le parti d’aménagement et la conception des ouvrages liés à la RD 6202bis s’est affirmée par le projet de l’agence Faragou selon une double démarche : culturelle et environnementale. Culturelle car l’aménagement joue la réciprocité entre la route, l’observateur automobiliste, les collines niçoises et provençales, les villages perchés, les berges du fleuve et la zone agricole. Environnementale car les solutions mises en œuvre – utilisation des ressources de site (l’eau, le sol, le minéral) et la recherche d’une palette végétale adaptée aux conditions et à l’identité des lieux couplés à des solutions de paillages biodégradables innovants – inspirent un effet « land art » jusqu’au développement des masses végétales.
Un aménagement séquentiel
Construire à la manière d’un film qui se déroule, à partir des composantes géographiques et hydrauliques et du parcellaire en place, la composition du projet est rythmée par des scènes (7 au total) ouvertes et fermées côté fleuve (zone naturelle) et par un alignement d’oliviers et de jardins « tâches monochromes », côté terre (zone agricole). « Ces équipements ont été désignés tout spécialement pour le pompage de l’eau, au fil du vent » souligne Alain Faragou, paysagiste de l’opération.
Une entrée de ville sur Nice
Le giratoire des Baraques amorce le franchissement du Var et constitue le point de liaison entre l’actuelle RD 6202, sur la rive gauche du fleuve, et la future RD 6202bis, sur la rive droite. Sa position stratégique lui confère le rôle important d’entrée de ville, premier équipement routier de desserte de Nice en venant de l’arrière-pays. Réciproquement, il matérialise la porte paysagère de la future voie. La composition du projet du giratoire s’organise autour d’un axe nord/sud, direction générale de la vallée et des vents dominants. Cet axe est matérialisé par un socle cyclopéen horizontal réalisé en cages électro-soudées de galets symbolisant la digue construite au siècle dernier. « Ce matériau roulé d’une granulométrie moyenne 50/120 mm réduit les risques de débordement en cas de crue. Disponible sur le site, son utilisation a évité un flux de 1 500 camions sur les routes pendant le chantier en cas d’approvisionnement extérieur et a donc constitué un atout sur le plan environnemental dans une logique de développement durable » constate Alain Faragou. Deux bosquets compriment le mur architectonique, l’un symbolisant les berges naturelles du Var, avec des cépées d’érables de Cappadoce, l’autre constituée d’essences persistantes de pins parasols, de cyprès de Provence et de palmiers, clins d’œil aux jardins d’Azur.
Un rideau de couleurs sur la digue
La sculpture soulignant l’arase de la digue est l’œuvre de Bernard Pagès. Elle se compose de 10 éléments rassemblés en 2 groupes qui se répondent selon l’axe médian du rond-point. Rideau coloré où la rigidité et la souplesse s’emmêlent, elle est orientée nord-sud et semble tantôt se plier aux bourrasques de la mer, tantôt s’effilocher délicatement sous la brise venue de la montagne. Les éléments les plus rigides, jaunes vifs, dessinent des tracés rectilignes lumineux, traversant la masse végétale. Après 4 années d’études, la 1ère tranche du projet (15 ha et 8 km de long) a été plantée de 1 700 arbres, 82 000 arbustes et 38 000 graminées, l’arrosage, par aérogénérateurs, étant alimenté par des pompes se servant dans la nappe phréatique du Var. Plus de 1 000 de restructurant de sol et 4 ha de nattes biodégradables ont accompagné la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) du projet.